Notre histoire...
On nous demande souvent de raconter…
- Notre histoire : le pourquoi, le comment…
- Mais aussi de répondre à la question : "quel avenir après vous" ?
Je vais essayer de le faire, mais ce n’est qu’un raccourci, très personnel puisque c'est ainsi que c'est souvent demandé.
...Vu par Jean-Pierre Déchoz
Un coup de coeur
Depuis 1971, j’étais en relation avec les personnes résedentes d’un foyer APF à Evreux. Relation qui est devenue une vraie amitié. Chantal rencontra également ces personnes, avant notre mariage en 1975.
Certains de nos amis souhaitaient « disposer d’une maison à soi, pour habiter à l’année» à l’image de ce qui se vivait par exemple à la Cité des Cloches ou à l’Arche.
D’autres souhaitent, plus simplement, « un lieu pour partir en vacances, comme en famille ».
rue du Puy Batard à Boussac
Le lancement
Désirant ne pas vivre une vie routinière, et après deux ans de réflexion, c’est Chantal qui a donné le top départ.
Nous n’avions pas encore d’enfants : nous étions libres.
Nous avions un métier : nous avions la capacité de rebondir.
J’étais ingénieur supélec : j’étais crédible, « vendable ».
Si nous ne nous lancions pas, qui le ferait ?
Nous ne savions pas trop ce que nous allions vraiment faire : le projet était complétement flou. Flou…ou fou ?
En 1977, nous avons bénéficié de la mise à disposition d’une ancienne école libre, vétuste, située rue du Puy Batard, à Boussac, dans laquelle nous nous sommes installés avec un homme handicapé (IMC).
Nous avons aussitôt créé l’association Le Puy Batard.
Au bout de 10 mois, notre colocataire a pris son envol et s’est installé chez lui.
Dès la fin de la première année, l’association a commencé à prendre le visage que nous connaissons toujours aujourd’hui.
Le nouveau bâtiment
Vers 1981, un beau jour, nous avons vu débarquer des enquêteurs (sanitaire, sécurité, gendarmerie, etc.). N’ayant demandé d’argent à personne, et recevant nos amis sans faire aucune publicité, nous n’avions sollicité aucune autorisation. Nous étions ébahis…
Il est vrai que nous n’avions pas 30 ans, et que nous avions l’innocence de la jeunesse.
En 1983, le bâtiment ayant été interdit par la commission de sécurité, nous avons fait construire un bâtiment adapté, qui est le lieu d’accueil actuel. Nous n’avions pas les moyens pour financer la construction, et ça a été miracle que ça marche.
Les évolutions du Puy Batard...
De fait, depuis que nous sommes à Sainte-Feyre, le Puy Batard est resté très semblable à lui-même.
Coté "humain"...
Nos fidèles vacanciers sont très souvent les mêmes, sauf défaillance (santé, décès). Nous avons aussi une continuité des bénévoles, moindre mais réelle (souvent 1/3 des bénévoles d'un séjour sont des anciens).
Toutefois, si l'esprit reste le même, aucun séjour n'est vraiment identique au précédent !
Côté "matériel"...
Nous sommes plus organisés, plus vigilants. Nous respectons les normes, qui sont de plus en plus prégnantes. Le Covid qui est passé par là nous y a contraint d'autant plus.
Depuis 2017, nous avons réduit la durée de nos périodes d'accueil. Nous avons toutefois maintenu le nombre de vacanciers reçus chaque année, chacun venant moins longtemps, donc.
En marge de cela : notre vie personnelle
Durant ces années, nous avons eu quatre enfants, et nous avons organisé notre maison et structuré notre accueil pour pouvoir les élever aussi bien que possible… Mais ça c’est une autre histoire.
Et puis, en 1983, j’ai créé 3SI, une entreprise d’informatique à Guéret. Après un démarrage très lent, ma société a rencontré un vrai succès. J’ai eu la chance de m’y épanouir pleinement, d’avoir une équipe en or et des clients très reconnaissants des logiciels que nous éditions.
J’ai cédé mon entreprise à mes collaborateurs en juin 2012, lors de mon départ à la retraite…Depuis lors, l'entreprise a poursuivi son essor et largement embauché. Mais ça c’est encore une autre histoire, merveilleuse et incroyable.
Aparté... à ceux qui voudraient se lancer...
Vous pensez : "je ne pourrais jamais le faire" ?
Si, si, si ! osez aller au bout de vos rêves et capacités.
Car, moi aussi, j'ai mes limites.
Mais comme Moise, qui était probablement bègue, s'appuye sur Aaron pour combler son "problème", je me suis appuyé sur d'autres personnes pour contourner mes insuffisances, que ce soit dans mon travail professionnel, au Puy Batard ou ailleurs. Il faut toujours se faire entourer. Mais, alors, beaucoup de choses sont possibles (je ne dis pas "tout").
Pourquoi cet accueil ?
Pourquoi cet accueil... c’est bien ce que se sont demandé les personnes qui ont enquêté sur notre action au début des années 80.
Puisque nous n’en tirions aucune rémunération, puisque nous n’avions pas de personnes handicapées dans nos familles…
La raison initiale, c’est le coup de cœur pour nos amis, donc l’amitié.
La seconde raison, c’est une simple solidarité humaine, en faveur de ceux qui ont connu une « tuile ». L’humanitaire est à la mode, donc les pays lointains… mais être pleinement humain (origine du mot «humanitaire»), c’est tout autant ici !
Un autre mobile, qui ne s’est dévoilé que peu à peu...
Au Puy Batard, nous vivons quelque chose d’intense, de riche, d’unique.
Tout autant pour les bénévoles que pour les vacanciers handicapés, qui en redemandent tous !
Spiritualité
On nous demande souvent si nous avons une motivation religieuse, si la maison est confessionnelle, etc.
Le Puy Batard n’est pas un mouvement d’église. La maison n’est pas confessionnelle.
Pendant les séjours, chacun peut parler religion s’il le souhaite, mais sans prosélytisme et dans le respect profond de la croyance des autres.
Nos participants viennent du monde entier (de mémoire, nous avons eu des bénévoles du Maghreb, d'Afrique noire, d'Europe Centrale, d'Iran, d'Inde, de Chine populaire, d'Indonésie, d'Amérique). Il y a de la variété !
Cela nous a amené des musulmans, hindouistes, taoïstes, bouddhistes, chrétiens de toutes églises, ainsi bien que sûr des agnostiques et athées. Nous sommes ravis de cette variété !
Nous proposons la messe dominicale à nos vacanciers.
Nous nous offrons aussi à les accompagner au culte de leur choix (église évangélique, mosquée).
Chantal et moi, à titre personnel, nous sommes chrétiens.
Nous sommes certains que notre engagement n’a pu se vivre et surtout durer (ce qui est bien plus difficile) que dans une démarche spirituelle.
Je n'ai aucune preuve. Mais un ressenti intérieur très fort. Ma foi est donc confiance, mais en même temps question et espérance. Un cheminement. Une recherche. Donc : oui, je crois.
Je me sens interpellé par l'épître de Jacques, et par la parole de l'apôtre Paul dans sa première lettre aux corinthiens chapitre 13. Des objectifs, des buts à essayer d'atteindre !
Mais tout à fait d'accord sur le fait que nous ne savons pas la suite : "Nous voyons actuellement de manière confuse, comme dans un miroir (un miroir de l'époque ...) ; ce jour-là (donc : après notre mort), nous verrons face à face. Actuellement, ma connaissance est partielle ; ce jour-là, je connaîtrai parfaitement, comme j’ai été connu.".
Finalement... si nous pensons que Dieu est Amour, c'est que l'Amour est Dieu.
De fait, beaucoup de "puy-batardiens", croyants ou pas, trouvent un coin de Ciel au Puy Batard !
La suite...
A 65 ans, et après notre 40e été d'accueil, nous voulions préparer l'avenir.
Aucun membre de l'association ne se sentait l'envie de reprendre l'accueil. La cession des locaux du Puy Batard et de notre maison personnelle à la Fondation Anne de Gaulle a été réalisée en avril 2017.
La Fondation met ce gite à disposition d'établissements pour leurs transferts et d'organismes de vacances adaptés (VAO).
Mais à ce titre, l'Association Le Puy Batard y poursuit ses séjours, "comme avant" et compte bien continer ainsi longtemps !.